Juin 2022 - La Lettre d’Amélie n°13 :
BOURGOGNE

La musique de la région pour accompagner votre lecture :



Lundi 20 juin 2022

Cher ami voyageur,

L’art roman : avant que de l’apprécier en terre d’Auvergne où il répond, tout en intériorité, à la rudesse d’un climat, d’un paysage désolé et abandonné, j’y goûtais tout d’abord les plaisirs secrets dans les douces collines du Mâconnais et du Charolais.

La Bourgogne ? Elle oscille entre 150 et 600 m au-dessus du niveau de la mer, culminant à 900 m grâce à quelques sommets du Morvan. En rondeurs, en douceurs, elle se savoure en mode épicurien.
Du latin regnum Burgundiæ (royaume de Burgondie), elle est l'œuvre des Burgondes. Vaincu par les Francs, ce peuple laissa en héritage un ensemble territorial qui perpétue son nom, composé de forêts, de prairies, de vignes et de villes à dimension humaine.

On s’y envole, ici et maintenant,
accompagnés en cela par une nouvelle composition onirique
signée Olivia Colboc ?


Photo : Eva Bigeard

La musique d’Amélie, propice au voyage, nous vous la partageons en outre avec émotion : http://www.voyageinterieur-enfrance.com/#musique


EXTRAIT du voyage en Bourgogne, à la découverte de l’art roman

« Survolés les champs de tournesols, Amélie se retrouva très vite dans la proximité immédiate de la ville de Beaune. Au centre de vignobles de pinot noir, se nourrissant des sols calcaires des coteaux, et du chardonnay, procurant au meursault un incomparable arôme de beurre frais et d’amande verte, Saint-Romain, Monthélie, Volnay, Pommard s’annonçaient comme autant de villages de caractère qui permettaient de mettre un visage sur la belle étiquette de bouteilles longue[1]ment entreposées dans les caves. Laissez vieillir un meursault et il prendra une belle nuance miel et un goût inoubliable d’amande grillée.
     Au sortir de Pommard, Beaune apparaît cerclée par ses remparts, comme un tonneau par ses douelles. Après avoir survolé la collégiale Notre-Dame, autre bel exemple d’art roman après Tournus, Amélie se dirigea vers l’Hôtel-Dieu, plus connu sous le nom d’Hospices de Beaune. Comme la bulle avait perdu de l’altitude, Amélie put lire « rue des Enfers », nom de la ruelle qu’elle empruntait maintenant, laissant sortir au même moment un « oh ! » de frayeur. Le val d’Enfer des Baux-de-Provence n’était pas si loin et le cauchemar prêt à se répéter ? Ah, ça, non !
     On aurait pu prendre la rue du Paradis, intervint Musette, mais les vents en ont voulu autrement.
     — C’est bien dommage, coupa la fillette.
     — Tu sais, Amélie, au Moyen Âge, la crainte d’un Dieu sévère et du Jugement dernier a conduit les hommes à couvrir la Bourgogne d’un « blanc manteau d’églises », comme pour se racheter de leurs fautes. Ici même, un certain Nicolas Rolin a créé un hospice pour les pauvres afin d’acheter son salut. Au même moment, Amélie put contempler la toiture dessinée de losanges de tuiles rouges, vertes, bleues, noires sur fond or et animée de nombreuses girouettes et de flèches. —    
     Comme c’est beau ! exprima-t-elle, et c’est comme poétique, enchaîna-t-elle à la vue de cette même toiture qui se reflétait maintenant dans les vitres déformantes de la salle Sainte-Anne, formant une toile comme peinte après le petit verre d’absinthe…
     Les toits ondulaient fabuleusement ; les verts et les bleus dégoulinaient dans un effet d’optique captivant.
     — Ce à quoi je veux en venir, Amélie, reprit Musette en tentant d’intercepter son attention, c’est qu’il ne faut pas avoir la crainte du bâton pour se tenir droit. Pas plus qu’il ne faut attendre la carotte pour avancer. Il faut agir simplement, dans l’abnégation, c’est-à-dire sans attente ni crainte. À ce propos, j’ai à te conter une jolie histoire d’une femme qui, après avoir été une jeune fille peu exemplaire, mena par la suite une vie sans faille. Un jour qu’elle sortait de la ville avec, dans une main, un fagot de bois et dans l’autre, un seau d’eau, elle croisa l’un des plus grands maîtres soufis qui lui demanda où elle allait. Tu sais ce qu’elle répondit ? Avec le seau d’eau, je vais éteindre l’enfer et avec le fagot de bois, brûler le paradis, afin que personne sur terre n’adore Dieu par peur de l’enfer ou par désir d’aller au paradis. Afin que tous adorent Dieu uniquement par amour.» 

(…)

Vers l’ouest, en direction de Vézelay, se dessinaient, au détour d’un méandre de l’Armançon, les remparts et les tours du donjon de Semur-en-Auxois. Mais le vent avait forci et Vézelay était déjà là, sous les yeux d’Amélie, affichant la divine beauté de sa basilique au sommet d’un petit village de six cents âmes, perché sur une colline dominant la vallée de la Cure.
     — Saint-Bernard est venu prêcher ici même ! s’exclama Musette.
     — Dans cette abbaye ? questionna Amélie.
     — Dans cette basilique, la basilique de la Madeleine. Tiens, le portail est ouvert… entrons !        Ouvrant sur le narthex imposant par ses quatre piliers et un portail central, représentant le Christ en majesté, assis sur un trône, les bras grands ouverts pour témoigner de son amour, la basilique reposait l’esprit par la pureté de son architecture romane, appelait à faire le vide dans son esprit pour être tout entier présent.
     — Ce que j’aime ici, murmura Musette dans le souci de ne pas déranger autrui, c’est ce Christ, les bras grands ouverts. Trop souvent, on associe le Christ en croix à la souffrance de la crucifixion. Mais c’est l’amour, que cette croix suggère, l’ouverture totale au prochain.
     À ces mots, Amélie eut le sentiment étrange de se vider de cette souffrance de Jésus qu’il lui semblait porter en elle, dans une image parlante qui lui traversa l’esprit : son propre cœur saignait et coulait pour emplir une cruche, tandis qu’il se régénérait de l’amour de Dieu. Mourir à notre condition d’homme vulnérable et instable, pour renaître en développant toutes les qualités de l’amour divin. Non pas de l’amour possessif, qui s’approprie les êtres et les choses sur son chemin, non, de l’amour universel pétri de compassion et de joie communicative. Voilà le message qui subrepticement semblait pénétrer la fillette par toutes ses cellules. Ce n’était pas là un message asséné comme une confession de foi. Juste une ouverture à la puissance de l’Amour du Christ en un lieu particulier.
     Dans un des bas-côtés, le soleil fit soudain irruption, plongeant toute la basilique dans une atmosphère à la fois chaleureuse et sereine. La lumière même venait irriguer son corps d’une nouvelle énergie, inconnue jusqu’alors.
     — L’art roman est l’expression parfaite de la spiritualité intérieure, marmonna Musette.
     — Quoi ? questionna Amélie, qui ne saisissait pas toute la profondeur de cet effet d’annonce, mais pressentait bien que, si elle perdait un morceau de cette vérité, elle serait par là même hermétique à la suite de l’exposé de Musette.


Prêt.e à vous envoler ?

De cette terre de bons vins et de bovins, je me réjouis de vous partager quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret.

C’est ainsi d’ailleurs que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au revoir : « votre lieu, on saura le partager ». J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.

Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :

-  le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,

-  le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,

-  une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences singulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.

            A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel. Haut, si haut !

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Variations sur le thème des bocages, de petites parcelles de champs et de prés entourés de haies en petites parcelles de champs et de prés encerclés de murets de pierres… ainsi se déroule la campagne bourguignonne. Un mince ruban de vignoble s'étire des portes de Dijon à la Côte Chalonnaise pour s'élargir dans le Mâconnais. 
Plus loin, au nord-ouest, autour de Chablis, d'Auxerre, de Tonnerre et de Vézelay, le patchwork des vignobles de l'Yonne colore le paysage, pour laisser place, sur les bords de la Loire, au pays du Pouilly-Fumé.

Une route des grands crus sillonne ce territoire, de Côte de Nuits en Côte de Beaune - deux côtes d'excellence - qui matérialisent l'alliance entre le patrimoine culturel de la Bourgogne et des vignobles prestigieux. Campagne chic : qui voudrait la parcourir avec élégance peut louer une Morgan pour partir en itinérance, de Vougeot à Pommard en passant par Meursault.  

Non loin, pour un séjour de rêve vous attend le Château de Gilly, ancienne résidence des Pères Abbés de Cîteaux, situé à deux pas du Clos Vougeot. Avec ses douves et sa salle à manger voûtée d’ogives, il n’a rien perdu de son authenticité des XIVe et XVIIe siècles et à pied, vous invite à visiter le célèbre Château du Clos de Vougeot appartenant à la Confrérie des Chevaliers du Tastevin.    

Sur cette même Côte de Nuits, le domaine de Jean-Louis Trapet vous invite à poursuivre la dégustation.  

Si en revanche, aux châteaux historiques vous préférez les péniches pour des vacances bucoliques, sachez que la Bourgogne se prête merveilleusement à une croisière fluviale. Tournus s’impose comme halte. Ancien quartier des tanneurs, hôtels particuliers et ruelles colorées sont autant de moments de gourmandes flâneries avant une pause de fin de journée Aux Terrasses du Chef Jean Michel Carrette. 
Ici, vous indique-t-on : "Vous êtes assis entre rives – celles de Saône, Seille, Tamise, Hudson, Rhône et Loire… entre temps – instant long, éternité courte mais encore entre terres — terroirs, coteaux, collines, plaines, forêts, herbages et pâturages."

Parmi les plaisirs épicuriens, profitez d’une pause à Dijon pour découvrir les créations de Fabrice Gillotte dans son magasin historique situé au 21 rue du bourg à proximité de la Fnac et de la rue des forges, dans le cœur historique à quelque pas des lieux d’intérêt principaux de la Cité des Ducs (Musée des beaux-Arts, Place du marché, Hôtel de Ville). C’est une étape quasi incontournable pour tous les gourmands : offrez-vous un assortiment de chocolats personnalisés à choisir parmi une large sélection de bonbons de chocolat. Amélie succomberait assurément à ses incrustés, tablettes de chocolats aux fruits secs. Parmi les dernières créations de Fabrice Gillotte, Meilleur Ouvrier de France : les cigares en chocolat garnis de caramel vanille et de praliné amandes-noisettes, accompagnés de grains de café chocolaté. Allez, il est même permis de passer commande en ligne : https://fabricegillotte.com 

Non loin de Dijon, au cœur d’une friche industrielle et culturelle, les Ateliers Vortex vous accueillent dans le cadre d'expositions autant que, différemment, de résidences d’artistes orientées vers la jeune création contemporaine. Un autre lieu de création qui se réclame né « de l’envie de partager la vie, de se nourrir les uns des autres, et dont le seul nom fait référence au tourbillon qui emporte les êtres et leurs énergies vers une fécondation imprévisible. » Dans un esprit de mutualisation et de démocratisation collectif et participatif, les Ateliers Vortex mettent à la disposition de l’artiste en nous des moyens et des outils permettant de produire sur place des œuvres qui seront exposées in situ ou hors les murs. Un pôle de fabrication composé d’ateliers permettant le travail du bois comme du métal mais aussi de la sérigraphie participe de cette dynamique joyeuse. 

Est-il, sur le chemin, besoin de mentionner une visite de Beaune et de ses hospices construits suite aux ravages de la peste et de la guerre de 100 ans ? Véritables joyaux de l’architecture bourguignonne avec ses toits polychromes, ils sont un symbole fort de cette terre d’art de vivre. A ce titre, les toitures de tuiles glaçurées sont considérées comme le troisième élément caractéristique de la Bourgogne après ses vins et sa gastronomie. C'est donc sans surprise que les affiches touristiques se sont emparées de cette particularité si photogénique, devenue l’un des piliers de l’iconographie régionale même si bien des témoignages situent cette pratique et l’usage de la glaçure (proche de l’émaillage) en dehors du duché de Bourgogne (dès la fin du XIIe en Normandie et en Île-de-France, mais encore en Poitou-Charentes) et selon toutes probabilités, venues de Flandre.

Toujours en chemin, n’en restez pas, comme Amélie, à humer le doux parfum d’anis des bonbons de Flavigny-sur-Ozerain.  Si vous optez pour une visite guidée du village et de l’église Saint-Genest, nul doute que vous rencontrerez des artistes, des producteurs de laine ou des agriculteurs, et in fine y passerez un délicieux moment.

Puis, en direction de Vézelay, découvrez un autre artiste qui réalise des horloges uniques à partir de vieux vinyles qu’il recycle avec talent. Si vous désirez (vous) offrir un cadeau original, n'hésitez pas à prendre contact avec Michael. Il est à votre écoute au 8 Rue de Couvin, à Montbard.

Au cœur de la Puisaye, au Château de Guédelon, il est des artisans d’un autre temps : bûcherons, charpentiers, forgerons et cordiers qui, depuis bien avant le voyage d’Amélie, participent de la construction d’un château fort selon les techniques et à partir des matériaux du Moyen-Âge. Cette folle aventure a été menée par une équipe composée d’archéologues et d’historiens de l’art et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on se sent rapidement transportés… hors de ce monde.
                      

Ultime coup de cœur dont Amélie n’aura pas fait l’expérience, la Roche de Solutré, « navire pétrifié surplombant une mer de vignes", selon les mots de Lamartine qui, outre le fait de représenter l’un des plus grands gisements préhistoriques d’Europe, offre un panorama sauvage de toute beauté et, du haut de la Roche, des vignes à perte de vue.

Au pied de la roche de Solutré, le gisement du Crot-du-Charnier recèle des milliers d'ossements de chevaux, de nombreuses pièces, silex et pierres gravées, témoins des cultures qui s'étagent de l'Aurignacien au Magdalénien (28 000 à 10 000 avant J.C.) et notamment de cette période dénommée "Solutréen". Principale caractéristique de cette époque ? Une grande habileté à tailler le silex, en forme de feuille de laurier d’une finesse remarquable et avec un tranchant très efficace.

Nul doute que, survolant ce site, Musette aurait conté à Amélie la pure légende relayée par la culture populaire, selon laquelle les chasseurs paléolithiques auraient guidé les troupeaux de chevaux jusqu'au sommet de la Roche pour les précipiter du haut des falaises afin de les tuer. Il n’en fut rien. Mais sous le rude climat de la dernière glaciation, les troupeaux de chevaux, de rennes et de bisons transhumaient là chaque année, évitant à la fonte des neiges les fonds marécageux de la vallée de Solutré et longeant la Roche pour gagner les pâturages de hauteur, selon un itinéraire immuable. Ralentis par les blocs de pierre au pied de la roche, rendus plus vulnérables, ils tombaient dans les embuscades de ces premiers chasseurs, à l’affût chaque année.                                         

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À toutes les étoiles dans le Ciel
Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel. 

Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagne, au-delà de mes rêves,
la musique des mots, la vibration des régions.

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"Heureux qui comme Ulysse"...

Et si ensemble, nous entreprenions, à l’approche de l’été, un beau et courageux Voyage qui mène ultimement aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin... en quête de Paix et de bien-vivre ?

Merveilleuse journée,
Laurence

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