Janvier 2023 - La Lettre d’Amélie n° 20 : EN MIDI-PYRENEES

La musique de la région pour accompagner votre lecture :



Lundi 16 Janvier 2023

Cher ami lecteur et voyageur,

Désormais intégrée dans la grande région Occitanie, Midi-Pyrénées est une terre historiquement séparée de l'Espagne par la chaîne des Pyrénées. 
Son chef-lieu, Toulouse, est connu pour son industrie aéronautique autant que pour sa basilique romane de Saint-Sernin, étape sur le chemin du pèlerinage de Compostelle. En cela, il est emblématique d’un territoire traversé par le chemin de Saint-Jacques autant que par l’innovation.

Savez-vous que l’expression Midi désignait, du temps du Roi Soleil, la province du Languedoc où le soleil est au zénith quand il est midi à Versailles, suivant le méridien de Paris ?

Riche de paysages et de reliefs variés, de montagnes en garrigues, de forêt en coteaux, Midi-Pyrénées pose le point culminant de son canal du Midi, seuil de Naurouze dit aussi seuil du Lauragais, comme ligne de partage des eaux, opérant le lien entre la Méditerranée et l’Atlantique grâce à son prolongement par le canal latéral.

Un territoire où les activités agricoles, pastorales et forestières sont une occupation à part entière aura sûrement de quoi enchanter les amoureux de nature autant finalement que ceux de patrimoine bâti. Tous seront comblés par une possible découverte en péniche pour une approche Slow qui régénère. Mais à travers cette lettre, c'est à une marche inspirante... à une transhumance pour ainsi dire, que je vous convie, dans une approche pastorale. 

Ou préférez-vous rejoindre Amélie dans sa bulle
 pour un survol de Midi-Pyrénées ?


Photo : Eva Bigeard

La musique originale d’Amélie, propice au voyage, nous vous la partageons avec émotion : http://www.voyageinterieur-enfrance.com/#musique


EXTRAIT du voyage en Midi-Pyrénées, sur le chemin de Saint-Jacques

Lorsque bientôt Saint-Cirq-Lapopie fut en vue, sur sa combe perchée, laquelle forme un coude avant de s’ouvrir sur la vallée du Lot, Amélie rangea son irritation au rayon des souvenirs, sans pour autant avoir élucidé la petite histoire de Musette. Sur fond de causse, le village médiéval, placé sous la protection du rocher de Lapopie, déclinait, au détour des venelles, d’élégantes façades en encorbellement à ouvertures en accolade.

    Après un bon tour d’horizon, la bulle de savon quitta la diagonale pour filer plus à l’est et longer le Dourdou dans ses entrelacs. Ce fut là que Musette choisit de revenir, silencieuse, dans l’espace de la bulle. Amélie l’accueillit avec joie, confessant :

    — J’ai vu le plus beau des villages !

    — Saint-Cirq-Lapopie, confirma la fée. Bon, dis-moi maintenant, enchaîna-t-elle, as-tu compris tout le sens de la petite histoire que je t’ai racontée ?

  — Non, rien du tout ! J’ai rien compris du tout ! répondit la fillette, avide de s’entendre raconter la morale de l’histoire.

    Car, pour chaque histoire, il était une morale. Si certaines tombaient sous le sens, d’autres paraissaient totalement hermétiques à notre esprit si l’on n’avait pas accompli le cheminement nécessaire pour les entendre dans toute leur profondeur.

    — Je te répète l’histoire, tu veux bien ? À un disciple qui maintenant pratiquait le tir à l’arc à la perfection et venait demander à son maître s’il était fier de lui, ce dernier répondit :  « Tu as perdu le talent du débutant ! » Si tu es dans la logique de ta pensée, tu ne vas forcément rien comprendre, car comment gronder quelqu’un qui pratique un art à la perfection en lui reprochant de ne plus être débutant ? Ça va tout à fait à l’encontre de ton éducation, n’est-ce pas ? Autrement dit, pour que cette histoire prenne tout son sens, il te faut sortir des sentiers battus de ta réflexion. La question que cette petite histoire soulève est celle de l’habitude. On peut faire de l’habitude une force comme une faiblesse. Lorsqu’on est dans l’automatisation d’une pratique qui ne demande donc plus de vigilance, ou qu’on tombe dans la revendication comme attente d’un résultat, on touche à la faiblesse. Et c’est le grand défaut du disciple qui n’est plus dans l’acte gratuit, neuf. En demandant à son maître s’il est fier de lui, il laisse entendre qu’il s’est exercé en vue d’un résultat. Il s’est alors projeté, excentré de lui-même et a cassé la belle unité du geste, de l’arc comme prolongement du bras, pour tomber dans la dualité. La grande force, dans l’habitude, c’est au contraire d’avoir toujours un regard neuf sur les choses ; ce qui revient à sacraliser l’acte puisque j’agis mû par Dieu et sous son regard, me reconnaissant sa créature. Il faut toujours garder l’esprit du débutant. Et tu comprends maintenant le pourquoi de cette histoire ? Depuis un peu plus de six mois maintenant, tu as toi aussi pris l’habitude de voyager. Ne laisse pas cette habitude devenir une faiblesse en revendiquant ce que tu n’obtiens pas de voir ! Si les vents ne nous accompagnent pas vers Compostelle, c’est peut-être un signe… N’oublie pas que le vent est le souffle du Divin. Alors, peut-être est-ce trop tôt ? Peut-être nous y rendrons-nous plus tard ?


Prêt.e à vous envoler ?

De cette terre qui regorge de merveilles… allant des trésors naturels dont participent cette fameuse chaîne pyrénéenne aux cimes grandioses mais encore les spectaculaires cirques de Gavarnie et de Troumouse, le romantique canal du Midi ou de hauts lieux de l'art pariétal comme la grotte du Pech Merle… aux richesses architecturales de villages comme La Couvertoirade, Larressingle, Saint-Cirq-Lapopie, Rocamadour, et de charmantes bastides médiévales comme Lauzerte ou encore Beaumont-de-Lomagne, Castelnau-de-Montmiral ou Saint-Clar, je me réjouis de vous partager quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret… au gré de petites routes buissonnières mais encore du Chemin de Saint-Jacques, retrouvé pour mon plus grand bonheur. Et le vôtre ?  

Rare et confidentiel, c’est encore et toujours mon fil rouge pour percer l’âme d’un territoire. C’est ainsi que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au revoir : « votre lieu, on saura le partager ». J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.

Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :

-  le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,

-  le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,

-  une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences singulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.

            A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel.

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En parcourant ce vaste territoire de Midi-Pyrénées, on pourra entre deux incursions dans des petits villages de caractère, apprécier les villes plus grandes que sont Albi et son musée Toulouse-Lautrec, Cahors et son pont Valentré, mais encore Millau et son poétique et aérien viaduc, Rodez et sa cathédrale gothique ou Toulouse et ses hôtels particuliers d’époque Renaissance.

C’est toutefois une approche pastorale que je vous propose comme entrée en matière, en rejoignant sans délai Amélie pour la joie de surplomber la falaise du Combalou qui veille sur le petit village de Roquefort-sur-Soulzon. Au sommet, le causse du Larzac.

Si en biodynamie, on connait davantage la viticulture que l’élevage, voici bien une ferme qui devrait satisfaire notre curiosité autant que notre goût pour le vivant, le vibrant. A la ferme Alcas, Emilie et Alexandre vous proposent de découvrir leur élevage de brebis laitières élevées pour la confection de yaourts fermiers et de Roquefort. Une visite comme occasion d’échanger en toute simplicité avec eux sur leur travail et leurs valeurs, mais encore sur le monde agricole, tout en assistant à la traite et en déambulant librement dans la bergerie pour observer les brebis et leurs agneaux. 
17h, qu’on se le dise. En prévenant, c’est assurément bien mieux.  
Et si vous vous y sentiez bien au point d’avoir envie de prolonger, qui sait si vous pourriez même y passer la nuit, en roulotte. Enfin, il serait plus prudent de réserver pour la joie d’aller ensuite explorer le cirque de Saint-Paul des Fonts à la richesse floristique remarquable. C’est ainsi que pas loin d’un millier d'espèces, dont certaines endémiques des causses, ont été recensées dans l'herbier du chanoine Coste.

Haut lieu de la botanique européenne, ce cirque naturel est à jamais marqué par la présence d'Hippolyte Coste, surnommé « le curé des fleurs », qui vécut pendant trente ans à Saint-Paul des Fonts en qualité de prêtre autant que de botaniste, bientôt reconnu pour sa « Flore descriptive et illustrée de France ». 
En l’an de grâce 2003, les secrets du chanoine Coste n’étaient guère encore partagés, tandis qu’à ce jour, l'ancien presbytère a été aménagé en musée invitant à prendre la mesure de la richesse de la flore locale. Autour du village, des parcours botaniques ont en outre été mis en place pour mettre nos pas dans ceux de l'Abbé Coste, lors d'une randonnée découverte de délicats trésors botaniques.

Depuis 2011, l’Unesco a ajouté à notre patrimoine mondial le paysage culturel de Roquefort, au titre des Causses et Cévennes. Ne manquez pas de visiter une cave de roquefort. Vous ne le regretterez pas !  

 

« Dans ce Larzac déchiqueté, la bulle allait bientôt se poser au-dessus de La Couvertoirade, installée sur le plateau dans un costume de pierres sombres. Une porte cernée par deux hautes tours, un château, une lavogne, cette grande mare empierrée pour les moutons, dessinaient la cité templière. »

Si Amélie ne fait que survoler ce village de charme dont le seul malheur réside dans le fait d’être au sortir de l’autoroute, à ce point accessible qu’il en devient souvent saturé, découvrons-y peut-être à l’hôtel de La Scipione comment, lorsqu’au XIIIe siècle, l’ordre du Temple reçoit en donation une partie des terres du Larzac, il se bâtit sur un éperon rocheux un château défensif. Au XVe siècle, à la demande des habitants et pour se protéger des fameux « routiers », les hospitaliers également nommés chevaliers de l’ordre de Malte, feront construire l’enceinte des remparts.

Pour prendre toute l’ampleur de la beauté de ce village et passer outre la contrainte d’un lieu assailli par les touristes dès les beaux jours, pourquoi ne pas vous y poser en profitant dès lors d’un temps d’ancrage et d’apprentissage ? Et si c’était l’occasion d’apprendre à filer la laine au fuseau et au rouet en 4 jours avec Christiane ? Du choix et de la préparation de la toison au cardage, peignage et filage… tout un apprentissage en harmonie avec ces paysages. 
Pour contacter Christiane - Tel : 05 65 62 17 92 - pinet.christiane@orange.fr

En bordure du Larzac, dans la région de Millau, se perpétue le travail de la laine et du cuir. Héritage séculaire du pastoralisme méridional, le sac du berger dont la forme actuelle remonte au XVIIIe siècle et néanmoins encore utilisé de nos jours par les bergers transhumants du sud de la France, est un riche cadeau à s’offrir. En boutique ou par correspondance.

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Délaissons à notre tour le causse pour une autre région sauvage, née de curiosités géologiques : le Sidobre, formation géologique unique en Europe qui invite à la flânerie toute âme de poète. La légende dit que les dieux auraient jeté ces pierres un soir de colère. Il faut l’explorer avec son âme d’enfant, ce territoire improbable, en se racontant des histoires tout autant qu’en écoutant les légendes de ce pays de rocs et d’eau. Au risque de rompre le charme, on peut se rendre à la Maison du Sidobre pour en apprendre davantage sur la formation du granite (orthographe géologique) ou encore s’en aller visiter une carrière d’extraction du granit, où l’on se verra enseigner comment tailler cette pierre.

Située sur la voie d’Arles et si proche du massif du Sidobre, Castres est à la fois un point de départ et d’arrivée de deux tronçons du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Surnommée « La petite Venise du Languedoc » du fait de ses maisons suspendues au-dessus de l’Agout, Castres a de nombreux atouts, notamment le Musée Goya pour qui aime l’artiste et l’art hispanique (sont également de la visite des toiles de Picasso, Murillo ou Velasquez). Mais commençons donc la découverte de cette petite ville en embarquant sur le coche d’eau « Le Miredames » pour une visite originale et paisible, au fil de l’eau. Inspiré par les anciennes diligences fluviales, ce bateau vous emmènera du centre-ville au parc de Gourjade en naviguant sur l’Agout au milieu de ses maisons typiques et poétiques, à colombages et de couleur pastel. Perchés au-dessus de la rivière, ces ateliers moyenâgeux d’artisans de la laine, du cuir ou du papier sont une autre invitation à la flânerie, connectée à l’énergie de l’Eau.

En face du musée Goya se découvre un monument unique à Castres : un théâtre dans le plus pur style rococo, construit par Joseph Galinier, élève du célèbre Nicolas Garnier. Il conjugue une architecture extérieure originale et un intérieur théâtralement habillé de coupoles et de tableaux qui ornent les murs rouge velours de la salle de spectacle. Sa superbe acoustique en fait un lieu culturel incontournable.

Tout à côté, le jardin de l’évêché « à la française », dessiné par Le Nôtre dans la plus pure tradition du classicisme français, représente de manière très stylisée la fleur de lys surmontée d’un chapeau d’évêque, réunis par une croix occitane, évoquant l’association du pouvoir royal et du pouvoir épiscopal en pays occitan. Ces broderies sont ceinturées par un massif fleuri ponctué de topiaires d’ifs vénérables taillés en des formes très diverses. De fait, lors de sa création à l’extrémité de la propriété épiscopale, on laissa la jouissance du jardin aux prélats à la condition expresse qu’ils taillent eux-mêmes ces ifs ; d’où des tailles et hauteurs différentes.

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« Non loin s’ouvrait le pays de Cocagne, qui, de Lavaur à Lectoure, était jonché de tournesols, jaunes comme la fleur de pastel. »

Installé dans le château de Magrin, le musée du pastel relate l'histoire de cette couleur bleue qui s'obtient à partir de feuilles de pastel et qui connut un grand succès à la Renaissance, à la fois en France et en Europe. Avec le tout dernier moulin à pastel de la région, à l'immense roue de granit, le musée présente un authentique séchoir à cocagnes et des collections de manuscrits, tissus et vêtements anciens teints… sur la Route historique du Pastel dont le château de Magrin est à l’initiative. Le jardin extérieur permet d'admirer les pieds de pastel en rosettes, en fleurs ou en graines suivant la saison, mais encore d'observer d’autres plantes tinctoriales comme l’indigo, concurrent du pastel.

Travaillant depuis deux ans à explorer l’environnement naturel de notre écolodge en lien avec Virginie de Peregreen, je ne sais que trop combien la magie du végétal et des couleurs clandestines peut embarquer, dans l’esthétique, mais encore dans la cosmétique au vu des bienfaits que les plantes savent aussi nous procurer.

Cette plante médicinale ancestrale qu’est le pastel dévoile une concentration remarquable en Omégas 3, 6 et 9 qui apportent à la peau l’essentiel dont elle a besoin, au cœur de formules écologiques et biologiques à l’action anti-âge et participant en outre de la cicatrisation. Les officines Graine de Pastel de Toulouse ou d’Albi vous invitent à en tester les bienfaits, sauf à passer commande en ligne.

Ancienne cité gallo-romaine, résidence principale des comtes d'Armagnac au Moyen-Âge et ancien évêché, la petite ville de Lectoure présente un riche patrimoine, témoin de son glorieux passé. L'artère principale de la cité est bordée de demeures et d'hôtels particuliers construits entre le XVIIe et le XIXe siècle. Envie de profiter d’un lieu chargé d’histoire ? Passez donc la nuit au Collège des Doctrinaires, ancien Collège bâti au XVIIe siècle. Entièrement rénové et transformé en un bel hôtel, il se situe dans le cœur même de Lectoure, en Lomagne gersoise, sur le passage du chemin de Saint Jacques. 

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Se pourrait-il - si vous en veniez à suivre cet itinéraire - qu’un soudain coup de vent, presque violent vous ramène plus au sud, très exactement au-dessus de la cathédrale de la ville d’Auch ? « Dans le même style Renaissance, elle offre, outre la beauté de son porche, de superbes verrières réalisées par Arnaud de Moles, en même temps que la chapelle Sixtine de Rome. »

Par-delà la cathédrale Sainte-Marie, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, et l'une des plus vastes cathédrales de France avec plus de 100 mètres de long par 35 mètres de large, Auch se découvre en flânant, au gré de ses ruelles pittoresques aux maisons anciennes, et de ses plantations de vignes. Mais vous pourriez tout autant ajouter à votre flânerie la découverte de la tour d'Armagnac, ancienne prison du XIVe siècle, qui fait aujourd’hui office de centre d'interprétation de la cathédrale et invite, lors de visites guidées, à prendre de la hauteur pour admirer la vallée du Gers.

 

Sur les bords de la Baïse, Condom est un autre village au riche patrimoine bâti. En témoignent ses élégants hôtels particuliers des XVIIIe siècles, tels ceux de Polignac et de Cugnac, son ancienne cathédrale Saint-Pierre du XVIe siècle et son superbe cloître de style gothique flamboyant.

Les amateurs de l’eau-de-vie de vin ne manqueront assurément pas le musée de l'Armagnac à la dégustation duquel Amélie fut initiée. Ce dernier, installé dans les dépendances de l'ancien palais épiscopal, relate, au travers de sa collection d'ustensiles viticoles, les différentes étapes du cycle de production de l'armagnac. Dans le même registre, la Maison Ryst-Dupeyron, située dans l'hôtel de Cugnac, vous invite, après un diaporama sur l'armagnac, à une visite de ses chais centenaires.

 

Tout proche, le village de Larressingle, surnommé la petite Carcassonne du Gers et autre village classé parmi les plus beaux de l'Hexagone, est la plus petite cité fortifiée de France, encore entourée de remparts et de fossés. Un bijou, niché au milieu des vignes, que cette ancienne résidence des évêques de Condom, dont subsiste le château-donjon du XIIIe siècle comme remarquable témoignage de l'architecture médiévale. Une fois franchis son petit pont en pierre et sa porte fortifiée, c'est avec enchantement que l'on découvre cet ensemble aux tours crénelées et autres façades percées de fenêtres à meneaux.

Au cœur du village, coup de cœur pour cette librairie vivante Caminando où l’on trouve des nouveautés autant que des valeurs sûres, un vaste rayon sur le cheminement personnel (lors de ma dernière visite, j’y ai pioché Les Jardins de Zagarand d’Eric de Kermel, magnifique lecture à mi-chemin entre mythe et réalité d’un nouveau monde tel qu’il pourrait se dessiner demain) et les enjeux sociétaux, des livres pratiques de cuisine et d’autres livres de poésie ou de permaculture, de science accessible à tous, mais encore de beaux livres à (s’)offrir… Vivante, je vous dis, cette librairie envisagée comme un espace d’expression.  

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Envie d’une autre étape sur la route des plus beaux villages de France autant que sur le chemin de Saint-Jacques ? Arrêtez-vous donc pour découvrir le village perché de Lauzerte en surplomb au-dessus des vallées et collines du Quercy Blanc. 
Surnommée « la Tolède quercynoise », cette bastide médiévale, fondée au XIIIe siècle par le comte de Toulouse, abrite en son cœur une superbe place à cornières, entourée de vieilles maisons en pierre et à pans de bois. Tout à côté, l'église Saint-Barthélemy mérite la visite pour son splendide retable baroque en bois doré.

Vous avez l’esprit joueur et encore un peu de temps pour de découvrir un jardin classé remarquable ? Le jardin du Pèlerin présente la particularité d'être structuré sous la forme d'un jeu de l'oie grandeur nature qui retrace l'histoire et le parcours du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Jeu de dés et dépliant sont disponibles à l'office de tourisme, tandis qu’un sentier parsemé de cases et de panneaux numérotés permet aux promeneurs de se déplacer en suivant des étapes qui racontent le quotidien du pèlerin : hospitalité, notion de hasard, joies et peines, épreuves et difficultés, mauvaises rencontres et bonheur, pour finalement accéder "au Paradis". Fin du jeu.

Si vous en venez, vous aussi, à prendre la direction de Moncuq, plongez-vous dans l’histoire de l’un des plus beaux châteaux Renaissance du Quercy, qui sert aussi le tournage de films d’époque, et venez donc contempler la majestueuse vallée du Lot depuis ses terrasses. J’ai nommé là le Château de Cénevières qui propose, de temps à autres, des visites guidées en costumes d’époque pour le plaisir de remonter le temps.
 

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Plus au nord, cap sur la Vallée du Lot, et sur l’un de ses méandres, sur Saint-Cirq-Lapopie, révélé au plus grand nombre lorsqu’il fut élu Village préféré des Français en 2012. En l’an de grâce 2003, ce n’est pas tant un village couru et d’ailleurs, je m’y réfugie après avoir tenté une visite à Rocamadour, assaillie de touristes et bruyante. 
En cette fin de journée, Saint-Cirq me fait l’effet d’un village oublié, autrefois lié à une vie batelière prospère et réputé pour ses tourneurs sur bois. Avec le commerce de marchandises transportées alors sur les gabares, ces derniers réalisaient les tonneaux de vin jusqu’à ce qu’avec la crise du phylloxera, Saint-Cirq-Lapopie tombe dans l’oubli. Elle va renaître grâce aux artistes dès le début du XXe siècle, à commencer par André Breton qui participa du rayonnement du village. Aujourd’hui, les galeries et artisans d’art sont toujours plus nombreux dans les ruelles et échoppes tandis qu’une résidence internationale d’artistes s’est installée dans la Maison Daura.

Depuis le port fluvial de Bouziès où il est aisé de se garer, empruntons donc à pied le chemin de halage, lui aussi approché par un artiste (je ne vous en dis pas davantage) jusqu’à la halte nautique de Saint-Cirq-Lapopie (en une heure de marche). De là, grimpez jusqu’au village (comptez 15 minutes) et déambulez dans les ruelles sans oublier le belvédère. Si vous avez prévu assez de temps pour profiter pleinement de ce lieu plein de charme, prévoyez de rentrer à Bouziès par le causse (comptez 1 heure) pour poursuivre à votre tour en mode parenthèse artistique sur le bateau cabane, avec même la possibilité d’y diner en profitant pleinement de la vue sur le village en promontoire au-dessus.

Pour les cavaliers, sachez qu’il est possible de partir sur 5 jours à cheval sur le Chemin de Saint-Jacques au départ de la ferme équestre du Pech Merle, tout près de Saint-Cirq, à Cabrerets qui vous réserve par ailleurs un délicieux marché tous les vendredis matins.

Pour ma part, en cette Vallée du Lot idéale pour musarder de villages de caractère en villages parmi les plus beaux de France… je n’oublierai pas cette Alfa Roméo décapotable louée lors de notre dernière virée, qui nous permit d’apprécier pleinement Saint-Cirq-Lapopie cheveux au vent, dans un brouillard matinal qui nimbait ces pierres d’une aura de magie et de mystère. Absolument inoubliable.

Les amateurs de vide-greniers ne manqueront pas Trouvailles en Quercy à Tour-de-Faure sur la route de Saint-Cirq-Lapopie. C’est un jardin extraordinaire situé au bord du Lot, adossé à la falaise… mais encore une brocante, un espace déco où dénicher la perle rare, poterie, objet insolite, autant qu’une boutique de produits du terroir qui propose vins de Cahors, foie gras, délices de truffe, noix, safran… Un endroit de charme qui ravira petits et grands, à découvrir tous les jours de 10h à 19h.

La grotte de Pech Merle, tout à côté, est un incontournable. Remontons le temps : -29 000 ans. Figurations animales et humaines : mammouths, chevaux, bisons, têtes de cerfs, mains… sur un kilomètre de galerie font de cette grotte un haut lieu de l’art pariétal en France.


Pour prolonger encore votre séjour sur ce plateau recouvert de forêts de chênes et entaillé de vertes vallées cultivées que sont le Lot ou le Célé, trois expériences s’offrent à vous :  

- pour un moment fraicheur, la descente en canoë du Célé à la belle saison. Base Nature et Loisirs à Sauliac-sur-Célé, au bord de la D41.  

- pour qui rêverait d’apprendre la boulangerie et idéalement de se remettre à la langue de Shakespeare (mais peut-être suis-je seule à conjuguer ces deux envies…), prévoyez donc de prendre des cours de boulangerie et de pâtisserie avec Pat Hains. Une perspective délicieuse en soi.

- pour une découverte insolite et un voyage dans le temps, rendez-vous aux phosphatières du Cloup d’Aural. Un gouffre à ciel ouvert qui renferme une histoire passionnante, laquelle coïncide avec la rencontre dans un champ de blé, non loin d’ici, d’un gisement de phosphate. C’est un chimiste du village qui le découvre tandis qu’il observe que les céréales y sont plus vigoureuses qu’ailleurs.  Peu de temps après sa découverte, des Anglais débarquent pour exploiter ces gisements tant et si bien qu’à la fin du XIXe siècle, ce sont plus de 2 000 ouvriers qui creusent le terrain pour en extraire le phosphate. Réduit en poudre sur place par les femmes et les enfants, il est ensuite transporté en bateau de Bordeaux à l’Angleterre où se trouvent les usines de transformation.
Tombées dans l’oubli pendant des années, suite à leur fermeture, les Phosphatières sont réinvesties plus récemment par une équipe de paléontologues qui y effectuent un travail de fouilles. Où il ressort que les fossiles sont composés à 90% de phosphate ; ce qui fait des Phosphatières du Cloup d’Aural un véritable laboratoire naturel de l’évolution.  

 

Plus au nord, non loin de Rocamadour, un autre château domine la Dordogne, offrant une nature à perte de vue tissée d’hirondelles qui survolent la rivière, de pêcheurs à la mouche sur fond de couchers de soleil. La nourriture y est tout aussi inoubliable, au Château de la Treyne.  

Rocamadour m’a laissée sur ma faim, vous l’aurez deviné, quand Cardaillac se présente comme une pépite hors des sentier battus. Aux portes du Ségala, ce bourg médiéval affiche une fière allure du haut de son éperon rocheux. Le fort avec sa tour ronde et ses deux tours carrées donnent au village tout son caractère. Pour en apprécier le style architectural, il vous faudra gravir l’une des tours carrées. D’en haut, la vue y est panoramique, comme on l’aime !

À Cardaillac, il faut aussi rencontrer Annie Mages, un personnage attachant qui participe d’un travail de mémoire du village et de la vie d’autrefois. Dans les années 1980, elle se lança en couple dans une belle aventure : collecter les objets, outils et autres machines qui appartiennent au passé pour donner vie au Musée Eclaté. On y déambule de grange en bergerie, à travers les rues de Cardaillac, pour s’entendre conter la vie des anciens. De la salle de classe à la saboterie ou au séchoir à châtaignes, on voyage dans le temps au travers d’anecdotes croustillantes.

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Si la bulle en venait à présent à cheminer au-dessus de Conques… le long du Dourdou, ce serait peu vous dire que Conques m’a conquise… pour son écrin naturel tout d’abord, ses ruelles inchangées qui nous transportent à l’époque médiévale, mais plus encore pour son abbatiale Sainte-Foy aux vitraux contemporains signés Pierre Soulages, d’un blanc laiteux qui se pose en contrepoint à l’outrenoir qui figura en mode majeur dans sa quête de Lumière.

Tout près, cap sur le Don du Fel. Un lieu à l’architecture contemporaine qui fait mouche au cœur d’une commune rurale isolée. C’est ici, dans le village du Don, que Suzy Atkins s’installa en 1977 pour créer tout d’abord une poterie. Trente ans plus tard, Le Don du Fel prend vie avec l’intervention de l’architecte Jacques Lacombe, qui, lui aussi, oscille entre le blanc et le noir : « Je dois être tout à la fois noir et blanc, avoir une envie énorme de trouver l’expression de la pureté, le désir du rien, de l’immatériel, de la beauté et de l’harmonie absolue » confie-t-il alors qu’il œuvre à créer ce Pôle européen dédié à la céramique contemporaine. Dans la galerie, des artistes de renommée internationale sont exposés, tandis que la famille Atkins approche la transmission de manière décomplexée, en proposant des stages de poterie autour de thématiques diverses, du raku autant que de la création libre. Une jolie manière de vivre cet espace, au-delà de la visite.  

Autre lieu d’artiste également proche de Conques : Saint Cyprien sur Dourdou
Au cœur d’un ancien couvent, Bastien Carré a créé un espace d’exposition des plus originaux, baptisé Chambres de Lumières. Il y est question de « lumigraphie » ou comment la lumière en vient à créer des tableaux et des sculptures aériennes à partir de leds. Un univers à part entière, onirique, féérique, que celui dans lequel baigne Bastien, dont l’exposition est sacrée lauréate du concours départemental Talents d'Aveyron 2021, à l'unanimité du jury.

Parce que le temps s’arrête au bord du Dourdou et qu’il peut être opportun de prolonger ici un séjour entre art et spiritualité, voici un lieu historique ayant servi pendant des siècles de dépendance pour l’Abbaye de Conques : le Château de Lunel. Aujourd’hui, quelques chambres invitent à se poser dans cet espace de silence.

Autre bonne raison d’une découverte, peut-être à conjuguer pour qui est flexible et précisément hors du temps de ce monde où tout court : l’atelier dégustation-découverte du vignoble de Marcillac, programmé tous les mercredis du 1er mai au 30 septembre. Dans la cave XIIe siècle du château, reposant sur la veine du Causse, c’est l’occasion d’apprécier avec Séverine toute la diversité du vignoble de Marcillac, accompagnée de petites douceurs maison.
 

Autre coup de cœur sur la route de Rodez où peaufiner sa connaissance de l’œuvre de Soulages, en son musée : le Château de Labro pour un diner pur plaisir des sens et une belle et douce nuit. Amateurs de cabanes perchées, la magie y opère tout autant.   

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Ultime coup de cœur, dont Amélie n’aura pas fait l’expérience : le Chaos de Montpellier-le-Vieux, renommé Cité de Pierres en 2019, et qui en l’an de grâce 2003, n’avait clairement pas cette visibilité. Sur le causse noir, ce chaos rocheux bordé au sud par les gorges de la Dourbie, est un site d’exception, monde pétrifié sculpté par l’érosion qui n’a rien à envier aux grands sites de l’Ouest américain et qui, en ce sens, surprend grandement dans un pays comme le nôtre où la nature s’exprime rarement avec une telle démesure. Nul doute qu’Amélie aurait su apprécier ces « porte de Mycènes », « Arc de Triomphe » et autres cheminées de fées qui, lui aurait soufflé Musette, sont passées par là ! « Elles sont venues des garrigues du sud les trois petites fées, poursuivies par Mourghi, un mauvais génie qui leur voulait du mal :

Amy, la sérieuse

Amyne, la rêveuse

Benjamine, la rieuse.

Elles arrivèrent un soir de mai sur ce plateau désert. De leurs mains, à la hâte, elles construisirent une citadelle fantastique avec ses remparts, ses rues, ses palais, ses ponts, ses places et ses monuments. Elles plantèrent des pins, des chênes, des herbes folles et des fleurs sauvages. Et tout cela ne faisait qu'un, si bien que même Mourghi, pourtant si malin, s'y perdit et renonça. Alors commença pour elles une longue période de paix, de bonheur et de joies tranquilles.

Las, même les fées se lassent du bonheur.

La nostalgie des garrigues s'empara un jour de la sérieuse Amy, le rêve s'évanouit dans les yeux d'Amyne et le rire peu à peu disparut du quotidien de Benjamine. Un jour n'y tenant plus, elles s'en retournèrent près de la mer et du soleil. La ville s'endormit alors dans son silence. Puis, sans doute, amenés là par quelque diable, le Vent, la Pluie, la Neige sont revenus et se sont acharnés sur la cité, désormais ville morte. Las Fadarellas s'en son tornadas ! Les fées sont reparties... mais leur souvenir habite toujours la cité. »

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À toutes les étoiles dans le Ciel.

Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel.

Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagne, au-delà de mes rêves,
la musique des mots, la vibration des régions.

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"Heureux qui comme Ulysse"...

Et si ensemble en cette année nouvelle nous entreprenions un beau et courageux Voyage qui mène aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin... en quête de Paix et de Po-éthique ? 

Merveilleuse journée,
Laurence 

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