Août 2022 - La Lettre d’Amélie n°15 :
CENTRE & PAYS DE LA LOIRE

La musique de la région pour accompagner votre lecture :



Lundi 15 Août 2022

Cher ami voyageur,

De tous temps, n’il y a-t-il pas eu en chacun de nous la graine d’une possible renaissance ? Voici l’une de mes pensées récurrentes, réactivée à l’occasion de cette échappée en Pays de la Loire. En certaines périodes de l’histoire – cela relève-t-il du pouvoir d’une intention dans l’air du temps, nourrie en égrégore ? – cette renaissance d’un être unique a pu tendre vers l’universalité.

Que vous évoque précisément cette période d’ouverture que fut la Renaissance, révolution esthétique et intellectuelle qui eut pour point de départ l’Italie et resplendit encore à cette heure dans les Pays de la Loire ?

Cette effervescence à la conjonction de la découverte de l'imprimerie et de l’entrée en Europe de savants grecs chassés de Constantinople par la conquête ottomane, prit appui sur la fondation d’académies, d’universités et de bibliothèques qui permirent de répandre les œuvres des anciens, dès lors accessibles au plus grand nombre.

Au cœur du Royaume de France, le Val de Loire bénéficia en premier lieu de cette ouverture, notamment dans le domaine de l’architecture. Bâtis ou transformés selon ces nouvelles normes influencées par les codes de l’Antiquité, les châteaux de la Loire sont encore aujourd’hui les précieux témoins d’une époque majeure. François Ier, qui passa la moitié de ses 32 années de règne sur les bords du fleuve le plus long et le plus sauvage de France, reste indissociable de ce patrimoine, en amateur d’art éclairé qu’il fut alors.

Me suivez-vous, sous le soleil de la Loire, en bulle de savon ?

Embarquement immédiat, en compagnie d'Olivia Colboc… au fil de l’eau !


Photo : Eva Bigeard

La musique d’Amélie, propice au voyage, nous vous la partageons en outre avec émotion : http://www.voyageinterieur-enfrance.com/#musique


EXTRAIT du voyage dans le Centre & les Pays de la Loire

“Alors que la bulle de savon quittait la terrasse pour rejoindre le cours de la Loire, Amélie jeta un coup d’œil en arrière sur le château qui se reflétait dans les eaux, comme dans un miroir auquel il semblait demander : « Miroir, mon beau miroir, suis-je toujours le plus beau des châteaux ? » Puis, se retournant, elle aperçut au milieu des bois un énorme sanglier qui paraissait statufié. Visiblement, personne ne le coursait.
        — Nous voilà au-dessus de Saint-Dyé-sur-Loire, commenta Musette. Un petit village tranquille qui a conservé de bien belles maisons de l’époque de François Ier. Et pour quelle raison, à ton avis ?
         — Parce qu’on est tout près de Chambord et que ça faisait bien d’avoir sa maison près du roi, lança Amélie avec assurance.
      — Parce qu’on est tout près de Chambord, certes, mais la suite est une pure invention de ta fantaisie. Non, à l’époque où l’on construit le château de Chambord, Saint-Dyé est un port actif avec la Loire à ses pieds, regarde ! On y débarque alors les matériaux qui vont servir à l’édification du château. Cela dit, à cette époque, la forêt de Chambord est trouée d’un vaste marécage et, pendant les travaux d’assainissement, on préfère résider à Saint-Dyé. François Ier lui-même s’y établira et surveillera d’ici l’avancement des travaux de sa fastueuse demeure. 
      Tout autour de l’église, de vieilles maisons replongeaient dans l’ambiance de l’époque tandis qu’au bas du village, la Loire dévoilait un paysage de bancs de sable blond et d’îlots venus entraver la course du fleuve. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Le fleuve changeant et capricieux renouvelait régulièrement le point de vue sur  ses eaux scintillantes, tantôt laissant émerger un monticule de sable qui se ferait refuge pour les oiseaux migrateurs, tantôt le recouvrant, l’attirant vers le fond comme une pieuvre. Au gré de ses humeurs. 
          Alors que le regard d’Amélie se perdait dans les eaux de la Loire, la bulle de savon l’attira vers le nord, par-delà les champs de blé et de tournesols. Au-dessus d’un château d’aspect médiéval, qu’on découvrait doté d’une gracieuse galerie à arcades à mesure qu’on s’en approchait et qu’on venait à survoler la cour d’honneur, Musette
vérifia :
          — Tu te souviens de Ronsard ? 
          — Oui, le prince des poètes de la Possonnière, résuma Amélie.
          — Bien ! C’est ici que vécut Cassandre, la jeune fille d’un riche banquier, financier de François Ier, que Ronsard rencontra lors d’un bal donné par le roi au château de Blois. C’est à elle qu’il dédia un sonnet devenu célèbre. Attends, voyons si je m’en souviens…

« Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avait déclose

Sa robe de pourpre au soleil,

A point perdu cette vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vôtre pareil… »

          À l’écoute de ces émouvants vers, le cœur de la fillette s’enflammait en silence. À l’âge où l’on brûlait d’amour par simple besoin d’être aimé, un poème suffisait à entretenir le feu."

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          La Loire : du plus loin que je m’en souvienne, à l’heure où la géographie me donnait des sueurs froides, voilà un fleuve qui me faisait rêver déjà. Quand je ne situais ni Lille ni Dijon au jeu du pointage des villes sur la carte de France, la Loire m’embarquait naturellement dans ses méandres. Tortueuse, filant ainsi sur plus de mille kilomètres, du simple filet d’eau tour à tour ruisselant en ridules, puis accélérant son cours pour devenir torrentueuse, elle était pour moi archétypale de la notion même de Voyage et, en ce sens, digne ambassadrice d’une France qu’elle traverse amplement. 
          Le mont Gerbier-de-Jonc où elle prend sa source, me semblait alors garder secrète son existence, son essence, comme pour participer du mystère du fleuve. Qu’est-ce qu’une source, au fond ? Quelle émotion contient-elle ? Ai-je jamais eu l’envie d’aller découvrir cette source ? Lorsque j’interroge ce passé, quelque chose me dit que la force de la source, sa toute-puissance en un centre, m’était alors étrangère. 
          Ma première émotion était entièrement contenue dans le déroulé de son tracé, dans son ascension. Dans le mouvement plutôt que dans l’immobilité. Mais pourquoi diantre allait-elle escalader la carte vers le nord quand elle aurait pu se laisser langoureusement glisser vers la Méditerranée ? Fallait-il à ce point avoir le goût de la difficulté, du dépassement de soi pour filer de la sorte ? 
          Sur les bancs de l’école, je n’osais pourtant partager cette interrogation-là du tracé étrange de la Loire, craignant sans doute de mettre à jour mon incapacité à me projeter dans l’espace. Le langage de la carte m’était de fait hermétique et c’est peut-être bien en cela qu’elle m’a toujours fascinée. Je ne savais décoder. Je ne voulais décoder, préférant poursuivre son trajet sans broncher, et par-delà son itinéraire à elle, mes rêves à moi.”


Prêt.e à vous envoler ?

De cette terre de patrimoine et d’art autant que de douceur de vivre, unie dans la sérénité comme dans la difficulté, avec son programme de relance et de Re-naissance faisant suite à la pandémie, je me réjouis de vous partager quelques belles adresses ; de celles qu’on énonce avec le cœur, du bout des lèvres, dans un chuchotement, presque comme un secret… au gré de petites routes, notamment celles des vins de la Loire, à la découverte d’un cépage rare et unique au monde, le Romorantin, qui fût introduit par François 1er.

Rare et confidentiel, comme toujours, c’est en quelques sortes mon fil rouge pour percer l’âme d’un territoire : c’est ainsi que nombre d’hôtes que nous accueillons en notre écolodge repartent, avec le sentiment d’avoir découvert une cachette et bien souvent nous livrent en guise d’au revoir : « votre lieu, on saura le partager ». 
J’espère aussi savoir ici vous partager au mieux ces lieux chers à mon cœur.

Ces lieux, ces belles adresses reposent sur 3 piliers :

-  le goût de l’Art, le sens de la poésie, laissant éclore la créativité,

-  le goût de la Nature, une certaine gourmandise des bonnes choses, toujours dans le respect du vivant,

-  une attente de bien-vivre, avec à la clé des expériences singulières dont on appréciera le goût de l’exclusivité, du presque secret, sur le ton de la confidence.

            A quoi j’ajouterai une irrésistible envie de vous faire prendre de l’altitude, pour vous propulser à hauteur de bulle, dans le bleu du ciel.

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En 2020, le Val de Loire célébrait les 20 ans de son inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Façonné par des siècles d’interaction entre l’homme et son environnement, ce territoire concentre sur près de 300 km, de sublimes châteaux, des jardins extraordinaires, des villes-musées et des vignobles réputés. À ce patrimoine époustouflant se mêle une nature préservée et exceptionnelle, au beau milieu de laquelle coule le fleuve le plus royal de France : la Loire. Un voyage dans le Centre-Val de Loire est à ce titre une invitation à vivre un équilibre magique entre nature, culture et art de vivre.

« Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine ! je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert ; je l’aime comme un artiste aime l’art ; […] sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus. », professait Honoré de Balzac, en son temps, en évoquant ce concentré de Val de Loire riche de ses châteaux de notoriété mondiale – Chenonceau, Amboise, Clos Lucé, Azay, de jardins paradisiaques - Villandry, Chenonceau, Rivau… - de paysages de bord de Loire magiques, de cépages reconnus tels que Chinon, Bourgueil ou Vouvray, de produits et d’une cuisine qui lui valent son surnom de « Jardin de la France ».

Parmi les visites de ce territoire qui se déroule le long de la Loire, il y aura encore Chambord, véritable prouesse architecturale avec son escalier à double révolution, ses jardins à la française parmi les plus somptueux, et jusqu’à ces merveilleuses dentelles de pierre qui participent du conte de fée. Et puis il y a Cheverny, Chenonceau… les grands et incontournables. Viennent ensuite les confidentiels, ceux qui vous dévoilent leur âme, leurs charmes. Le Clos Lucé où s’est éteint Léonard de Vinci il y a cinq-cents ans, en est, qui parvient à vous le rendre familier au cœur d’une visite de ses ateliers et des maquettes de son invention. Sans aucun doute, un des moments phare de mes séjours en Val de Loire.  

Pour une visite avec supplément d’âme, on peut louer une barque pour voguer sous Chenonceau, au plus près de son histoire.

Le château de Chaumont-sur-Loire, d’où s’envolent régulièrement les montgolfières, est aussi parmi les plus attachants, vous soufflera peut-être votre guide, en vous embarquant au petit matin sur ce chaland, bateau plat qu'on utilisait jadis pour transporter les marchandises.

Du XVIIe au XIXe siècle, à l’heure où les ponts étaient encore rares, la Loire figurait comme principale voie commerciale (chanvre, pierre de tuffeau, épices et vins étaient autant de marchandises transportées d’un bout à l’autre du fleuve, entre Orléans et Nantes) mais aussi de passage pour les habitants des villages ligériens. C’était enfin une pourvoyeuse de poissons : saumons, brochets et sandres abondaient alors, au grand bonheur des habitants et des nombreux pêcheurs professionnels.

 Si cette époque a pris fin, elle n’est malgré tout pas tout à fait révolue. Quelques passionnés continuent à la faire vivre, grâce à des répliques de bateaux traditionnels. Ainsi, les guides de Millière Raboton vous accompagnent sur le fleuve tout au long de l’année, de l’aube à la nuit. Castors, aigrettes et hérons croisés au gré de la balade confirment, s’il le fallait, le caractère sauvage de ce fleuve. Au petit matin, lorsque la brume nimbe le fleuve de mystère autant que de magie, il est temps de prendre le large.

En ce matin-là précisément, notre guide qui ne tarissait d’éloges sur le château de Chaumont-sur-Loire, ne manqua pas m’informer que chaque année depuis 1992, le Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire présente sur un thème unique, la richesse de la flore et de la botanique au service de la création artistique. Ainsi d’avril à octobre, les jardins s’animent d’ateliers, de sculptures, d’expérimentations et éblouissent de leurs mille couleurs les passionnés d’art, de nature et de jardin.

Pour en prendre plein la vue et profiter des châteaux, du ciel, rien de tel – et rien de plus classique en vérité – qu’un vol en montgolfière… au gré des vents. Toute l’étendue des parcelles de vignes des coteaux de Loire s’offre aussi au regard, de là-haut.    

Je garde pour ma part, de visites de vignerons, le grand souvenir de la découverte du Romorantin au Domaine des Huards à Cour-Cheverny, l'une des rares appellations qui n'utilise en blanc que cet unique cépage dans des pays de Loire ou le chenin est roi. Lumineux, avec des reflets dorés, le JM Tendresse est frais, délicat avec ses notes de miel et d’agrumes qui lui apportent cette vivacité que j’aime dans la dégustation d’un vin blanc. Pour qui préfère les vieilles vignes, François 1er a été reconnu dans la profession comme « l’un des plus beaux flacons de Touraine, 100% Romorantin de très vieilles vignes qui s'offrent dans une robe jaune doré clair sur un bouquet intense et profond de champignons, feuilles mortes et fruits jaunes. » Michel et Jocelyne Gendrier y travaillent le cépage en biodynamie (dans le respect des cycles de la Terre et de la Lune tout autant que protection de la microbiologie des sous-sols en évitant désherbants et produits de synthèse). 

Lors d’un prochain séjour, je serai infiniment curieuse d’aller rencontrer Jérôme Bretaudeau, un vigneron qu’on dit plein de talent, au Domaine de Bellevue (30 mn à l’Est de Nantes), et l’une des locomotives de l’appellation Muscadet. Il travaille également en agriculture naturelle et met en œuvre des techniques de vinification originales (élevage en œufs béton, en amphores, solera…). On parle encore chez lui d’un exceptionnel pinot noir Statera, que les restaurants gastronomiques du monde entier et les amateurs s’arrachent… Non comblé toutefois par la réalisation de ses vignes à boire, il participe depuis 2017 à la création de cosmétiques aux extraits de vigne : Sarmance. Des vignes dont on se tartine désormais pour profiter des polyphénols, puissants antioxydants qui sont un véritable allié pour notre santé, en diminuant fortement la dégradation du collagène et de l’élastine par les radicaux libres. Ils jouent en outre un rôle de prévention contre les maladies cardiovasculaires.

A l’heure de se poser, si j’ai pu apprécier les Sources de Cheverny, petite sœur de Caudalie, et tout le le plaisir de partir à vélo jusqu’au château et, au-delà, à Cour-Cheverny… je cèderai bien une prochaine fois à l’appel de Loire Valley Lodge qui s’annonce comme « concept hôtelier inédit à vivre à deux, où nature et art contemporain s'unissent pour un séjour sensoriel d'exception ». Si je peine à adhérer au concept, tout particulièrement lorsqu’il s’agit de lieux en connexion avec la nature, qui me semble les fondations même de notre vie sur terre et en ce sens tout sauf conceptuel, je finirai bien par aller me perdre dans cette autre forêt. 
Après une vie de communicante bien remplie à Paris, Anne-Caroline Frey a décidé de renouer avec la nature en construisant une vingtaine de cabanes perchées dans les arbres d’une forêt de 300 hectares du Val de Loire. Des cubes de 35 m2 dotés d’immenses baies vitrées, avec lit kingsize, douche à l’italienne, terrasse ouverte et bain à remous privé. Le tout mis en ambiance par des artistes contemporains... et voilà sans doute pourquoi ce lieu exerce sur moi autant d’attraction, qui n'est pas sans me rappeler la magie des sculptures gigantesques découvertes au détour d’un sentier sur la propriété d’Ibitipoca, dans le Minas Gerais, territoire bien loin des classiques destinations touristiques au Brésil.

Autre lieu, surplombant les méandres de la Loire et accroché à la falaise de tuffeau, dans un site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : l'hôtel troglodyte Les Hautes Roches est une autre piste pour un prochain séjour. J’opterai alors pour une chambre creusée dans la roche et en parfaite harmonie avec les lieux. A moins de réserver en maison d’hôtes, dans le même esprit mais plus intimiste pour une même perspective patrimoniale : Amboise troglodyte.

Dans ces falaises de tuffeau, il est autre chose à explorer que son temps de repos et propre bien-être : les champignons. Entre Tours et Orléans, à Bourré, vous trouverez, à 50 mètres sous terre,  des champignons… sur 120 kilomètres : ces fameux champignons dit « de Paris » mais encore les « Pieds Bleus », les « Pleurotes Jaunes », et les goûteux « Shii Také », cultivés sur sept étages, à 12°, dans ce même tuffeau qui servit à construire Chenonceaux, Cheverny, Chambord… C’est d’ailleurs parce que cette pierre offre pour caractéristique précieuse de durcir et de blanchir au fil du temps, à l’air, que cette carrière de Bourré peut faire revivre la vie mystérieuse des tailleurs de pierre, en reconstituant un véritable village du XIXe siècle, avec près de 1500 m² de fresques directement sculptées dans la masse.  

 Autre matière à se régaler : les pommes tapées, présentées dans cette autre cave de Turquant qui fut, au siècle dernier, un haut-lieu de production de cette gourmandise.  

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Et puis, pour qui s’octroierait un peu plus de temps pour une pause plus secrète « entre les bras du Loir, une petite rivière qui joue la carte de la discrétion, à deux pas d’une Loire presque hautaine », il est une invitation à traverser un patchwork de paysages typiques de l'Ouest de la France, entre vignobles, vergers, bocages, marais et villages troglodytiques… à vélo. Jusqu’à le poser, le temps d'une immersion naturaliste au zoo de la Flèche. Un tel itinéraire charmant que le célèbre Routard lui a dédié tout un guide pour sillonner sur 320 km des paysages qui cheminent des confins de la Beauce au Val de Loire. Il se dit que ce serait d’ailleurs l’une des plus charmantes véloroutes de France, sur des voies à faible densité de trafic.

La Flèche donc. Si comme tout enfant, j’ai pu être fascinée par les parcs animaliers, ma découverte du Kenya a positionné le curseur autrement, devant la magie d’une cohabitation que nul ne peut imaginer avant de la tutoyer. Observer quelques impalas et un lion, Seigneur du bush, tout à côté… avec cette sensation que tout, pour un temps, est à l’arrêt – le calme avant la tempête – c’est ne plus pouvoir ensuite envisager des lions seuls derrière des grillages. Parce que c’est contre nature. Faisant abstraction de cet aspect-là, je dois admettre avoir été totalement captivée par cette nuit en Safari Lodge face au géant de l'Arctique que je n’aurai rencontré ni au Groenland, ni récemment au Svalbard, pourtant terre des ours polaires par excellence. Inuk, c’est le nom de ce lodge qui, à la folie d’offrir ce tête-à-tête avec un couple de ces grands carnivores, ajoute celle de vous réserver un lieu à la hauteur des plus beaux lodges du monde. Luminaires créés dans des saumons évidés et qui président une table bistronomique inattendue, cheminée massive en pierre et bois brut, dont on profite depuis des bancs qui s’inscrivent le long d’immenses baies vitrées, sauna privatif, côté jardin, ouvrant sur une autre longue fenêtre panoramique qui donne sur une forêt de conifères, baignoire sur pied enfin, toujours avec vue. Voici autant d’espaces baignés de magie, que je ne suis pas près d’oublier. Les “enrichissements” créés par les aides soigneurs face aux baies vitrées (en l’occurrence des poulets cachés sous un tas de feuilles) témoignent de leur envie de vous réserver des instants captivants ; de ceux qui vous donneront le sentiment d’avoir réalisé un long voyage, une vraie incursion en terre arctique. Pour la naturaliste amatrice que je suis devenue au fil de l’eau et d’années à vivre au cœur des grands espaces, entre lac, forêt et volcan… bercée par le rauque brame du cerf, le chant aquatique des grenouilles, le retour des hirondelles et encore tant de rituels portés par la cyclicité du vivant, bien d’autres univers donnent des envies d’y retourner, explorer le monde des tigres de Sumatra dans une forêt tropicale reconstituée, comme celui des grizzlis, dans un environnement rafraichi par les cascades.

Autres possibles haltes sur la route :

- le moulin de Rotrou, moulin hydraulique du XVIème avec sa grande roue à aubes qui entraîne autant de machines permettant au grain de blé de devenir farine.  

- le Château de Durtal, verrou stratégique de la Vallée du Loir, qui jadis protégeait l’Anjou. Datant du XIème siècle, cette construction va s’agrandir et devenir, au cours des XVe, XVIe et XVIIe siècles, ce somptueux château où aimaient séjourner les rois de France. Exemple tout à fait remarquable du passage du Moyen-Âge à la Renaissance, c’est là une véritable leçon d’architecture que ce fier château des comtes d’Anjou qui protège toujours la ville de Durtal. L’histoire raconte qu’en ces lieux aurait été instigué le massacre de la Saint Barthélémy…

- Le Cadre noir de Saumur : un lieu incontournable pour les amoureux des chevaux et apprentis écuyers, qui transmet un savoir précieux représentatif du dressage à la française.  

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Ultime coup de cœur dont Amélie n’aura pas fait l’expérience : la ville de Nantes parmi les plus agréables à vivre en France, de ce qu’il s’en dit. Une ville à taille humaine qui a su revaloriser ses friches industrielles, développer des projets culturels contemporains et artistiques et, de surcroit, accompagner cette découverte à vélo, en vous invitant à enfourcher un Bicloo, vélo en libre-service de la ville pour suivre la ligne verte.

S’il ne s’agit pas de passer sans emprunter ce charmant passage Pommeraye ni sans découvrir l’imposant château des Ducs de Bretagne, laissez-vous toutefois happer par cette fameuse ligne verte tracée au sol qui parcourt la ville, d’une œuvre d’art à un élément remarquable du patrimoine, d’une ruelle historique à une architecture contemporaine, d’un point de vue étonnant sur la ville à un merveilleux coucher de soleil sur l’estuaire.

En mode estival, Le Voyage à Nantes s’enrichit d’installations temporaires dans l’espace public tandis qu’un parfum, «inspiré de l’énergie vibrante de la ville, du magnolia, de la pluie et des embruns, se compose d’un fond doux et puissant de la fraîcheur des agrumes, de l’énergie de la baie rose, d’une légère touche de rhum, de santal, patchouli et vétiver, et d’un cœur comme une fleur immense déployée en une couronne charnue et blanche », création de Bertrand Duchaufour, invite à prolonger le voyage… ou à le préparer. Sachant que l’art a même investi l’hôtellerie pour attiser un peu plus encore notre curiosité.  

À ne pas manquer – mais comment le pourrait-on ? - : les Machines de l’Ile, un projet artistique onirique où les rêves de gosses deviennent réalité, à la croisée de l’univers de Jules Verne et de celui, autre, de Léonard de Vinci, le tout sur un fond d’histoire industrielle de la ville.  

Artiste jusqu’au bout des ongles des pieds… c’est ce que vous revendiquez ? Alors, allez donc apprendre à réaliser une paire de chaussures ! How to make shoes se trouve au 67, rue du Millau. Vous y rencontrerez Hugo Lambert, à l’aise dans ses baskets, qui accompagne joyeusement des ateliers de création.  

Si Amélie avait survolé Nantes, elle n’aurait pu avoir l’envie ni la nostalgie du Nid, cette Œuvre-Bar unique au monde qui avait pris place en 2012 au sommet de la tour Bretagne. De là-haut, le héron veillait jalousement sur ses œufs, fauteuils perchés à tous les sens du terme. À 122m du sol, vous aviez alors la ville de Nantes à vos pieds, dans la joie d’aller prendre un verre, picorer la « becquée » ou profiter d’un concert. Ce lieu a fermé et bien des Nantais semblent le regretter. Une ultime raison pour vous embarquer, en musique, en bulle de savon ?

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À toutes les étoiles dans le Ciel
Aux bulles de savon de notre enfance
et à toutes les prochaines en partance vers le Ciel. 

Aux notes de musique qui s’égrènent aussi en direction du ciel,
comme celles d’Olivia qui accompagne, au-delà de mes rêves,
la musique des mots, la vibration des régions.

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"Heureux qui comme Ulysse"...

Et si ensemble, nous entreprenions, à l'approche de l'été indien, un beau et courageux Voyage qui mène ultimement aux frontières du profondément humain et de l'ultimement divin... en quête de Paix et de bien-vivre ?

Merveilleuse journée,
Laurence

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